Je me souviens … mai 68 à ESITPA, le partage des choix pédagogiques.

Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes.  V.Hugo

Bien sûr, toute l’école était en grève. Mais l’essentiel, à mon avis, s’est déroulé dans de nombreux échanges, réunions, remises en cause de l’organisation de notre cadre de vie collectif et plus particulièrement de notre école d’ingénieur.

A l’époque, l’ESITPA dépendait des Chambres d’Agriculture (l’APCA) et le conseil d’administration était composé de présidents et directeurs de chambres. Ils n’avaient pas forcément de compétence pédagogique, ni de vision sur les métiers de l’agriculture des années à venir. Ils raisonnaient essentiellement en installations d’agriculteurs et en besoins de conseillers pour le développement agricole.

Des représentants des élèves de chaque année et des enseignants sont rentrés au conseil d’administration. Les objectifs de formation, les programmes et la pédagogie ont été revus.

Je me souviens d’une négociation qui avait abouti à la possibilité de remettre en cause un cours : si 3 fois de suite un cours n’obtenait pas 75% de présence des étudiants, il était arrêté. Une réunion était alors immédiatement organisée par la direction entre les étudiants et l’enseignant pour analyser la situation (horaire, matière inintéressante, pédagogie pas adaptée, …) et prendre des décisions.

En échange un étudiant qui n’avait pas un taux de présence de 75% était convoqué par la direction. Mais l’assistance au cours n’était pas obligatoire. À chacun de se responsabiliser.

Un formidable moment de libération de la parole et de l’imagination …

Je me souviens… Mai 68 à l’ESITPA

PAYSANS, les grévistes ont besoin de vous. Venez leur vendre vos produits DIRECTEMENT dans les usines et dans les facultés.

Affiche de Mai 68 (non signée).

Dans la mémoire collective reviennent souvent les pavés, la violence … Pour ma part ce n’est pas ce que j’ai vécu en tant qu’étudiant en troisième année de la section ingénieur à l’ESITPA alors rue des écoles dans le quartier latin (la section techniciens supérieurs était boulevard de Sébastopol).

Question violence, nous n’étions pas fier à l’ESITPA , c’est un de nos collègues qui était à l’origine de l’abattage du premier arbre sur le boulevard St Michel, début mai (un comble pour un étudiant en agriculture).

Je me souviens aussi que le BDE, Bureau Des Élèves (notre association des étudiants inscrits à ESITPA), m’avait envoyé représenter l’école à une « commission approvisionnement » à Censier. Les débats étaient animés par deux étudiants de socio et nous n’étions que deux à connaitre un peu les réalités de la production agricole. Nous étions une trentaine, assis en cercle, à échafauder des plans sur la comète pour nourrir Paris, assez irréel comme si nous en avions le pouvoir et les moyens .

On y parlait agriculture urbaine, culture dans les parcs et sur les toits, petits poulaillers sur les balcons, autonomie alimentaire, ventes directes… Comment organiser un ravitaillement sans essence ?

Aujourd’hui je me demande si les idées émises autour de l’agriculture urbaine n’avaient pas 50 ans d’avance …