Très haut débit : A partir de 2011 tous les nouveaux batiments agricoles devront être cablés en fibre optique.

Très haut débit dans l’étable - Hubert Rublon

Dessin d’Hubert Rublon.

La Loi de Modernisation de l’Economie (LME) publiée cet été contient un article qui est passé un peu inaperçu dans le monde agricole :

« Les locaux à usage professionnel doivent être pourvus des lignes de communications électroniques à très haut débit en fibre optique nécessaires à la desserte de chacun des logements ou locaux à usage professionnel par un réseau de communications électroniques à très haut débit en fibre optique ouvert au public. »

Ainsi  les permis de construire de tous les bâtiments agricoles ne seront accordés à partir du 1er janvier 2011 que s’ils sont câblés en fibre optique permettant ainsi la connexion à un réseau à très haut débit.

Attention Très Haut Débit ne veut pas dire 512 K, comme dans le plan Besson. Le THD ce sont des débits supérieurs à 20 Méga (40, 60, 100 et plus).

Si parallèlement les « fréquences en or » libérées par l’arrêt de la télévision analogique sont utilisées par les opérateurs pour mettre en place le Très Haut débit mobile de 4ème génération, le monde agricole et rural ne devrait pas subir une nouvelle fracture numérique.

Avec 99,6 % de la population raccordable à l’ADSL, la Manche est le département le plus avancé dans le déploiement du haut débit.

Suite à l’implantation de 200 stations WiFimax (ou WiMax) en complément de l’offre ADSL de France Télécom, Manche numérique (syndicat mixe réunissant le Conseil Général de la Manche, ainsi que de nombreuses communes et communautés de communes) promet l’Internet haut débit à plus de 96% de la population.

De nouvelles stations sont en cours de déploiement afin de couvrir les zones blanches restantes, représentant moins de 2.000 foyers.

Plus d’infos sur le réseau Manche Numérique…

A noter, que selon l’enquête Agrinaute 2007, l’ADSL est le deuxième équipement (après le téléphone portable) dont les Agrinautes ne voudraient pas se passer.

Le développement de l’équipement télécom personnel des Agrinautes annonce une évolution rapide sur l’exploitation.

Box ADSL

L’enquête « Agrinautes 2007 » met en évidence un taux d’utilisation en hausse pour tous les équipements télécom à l’exception du Fax.

Si le téléphone portable est présent chez 94% des Agrinautes, désormais 88% d’entre eux sont connectés en ADSL. L’ ADSL a gagné 13 % en 1 an et il n’y a plus que 4% des agrinautes en attente de branchement contre 13% en 2006.

Je note deux progressions importantes d’équipement du domaine privé qui vont, à mon avis, très rapidement trouver leur extension à l’exploitation :

Le développement des boitiers ADSL (modem et routeur) permet la mise en place de réseau Wifi dans 41% des exploitations (+17% en un an)

Le taux d’équipement en GPS sur les voitures qui a doublé en un an, est vraisemblablement un signe précurseur de l’équipement en GPS des tracteurs ?

Les résultats de cette étude sont disponibles en version Premium (Vol 1, 40 pages) et complète (Vol 2) auprès de NTIC Agri-Conseil.

« Dividende numérique » ou « fréquences en or » les agriculteurs et le monde rural sauront-il se faire entendre pour le très haut débit?

Pylone émetteur de télévision

D’ici 2012 le basculement de la diffusion des télévisions de l’analogique vers le numérique va libérer des fréquences très convoitées.

Cette ressource que les spécialistes appellent « dividende numérique » contient des fréquences dites « en or ». Leurs caractéristiques physiques de propagation électrique particulièrement attractives permettent une très longue portée (donc peu d’émetteurs), une excellente pénétration dans les bâtiments et du très haut débit fixe ou mobile.

Autant d’atouts qui attisent bien des convoitises (enrichissement de l’offre de chaînes de télévision, services complémentaires de radio en numérique, élargissement de l’offre de télévision mobile et lancement de nouveaux réseaux de communications électroniques).

Pour les agriculteurs et le milieu rural l’attribution de ces fréquences à de nouveaux réseaux de communications est une occasion unique d’éviter une 2éme fracture numérique (voir mon billet du 30 mars dernier), tant il est évident que la fibre optique ne pourra jamais arriver dans toutes les fermes.

En effet ces fréquences basses permettront d’atteindre, sur l’ensemble du territoire national, des débits sans fil de l’ordre de la fibre optique soit 100 Mbit/s  (environ 30 fois plus que la 3G+ en cours de déploiement).

Les exploitations agricoles et les autres entreprises situées en milieu rural auront un handicap certain à l’avenir pour leur développement si ces fréquences sont affectées plutôt à de nouvelles télévisions (haute définition ou mobile) sans en attribuer au très haut débit (fixe et mobile).

Or il n’est pas évident que les acteurs de l’audiovisuel accepteront de laisser une partie de leurs fréquences hertziennes

Pour faire contre-poids aux industriels une association « renaissance Numérique » qui milite pour l’Internet pour tous s’est créée et vient de rappeler dans un avis remis à l’ARCEP : « Le débat sur le dividende numérique ne doit pas se réduire à un choix binaire : acteurs de contenus contre opérateurs télécoms. Le dividende numérique constitue une opportunité stratégique unique pour répondre à la question de la fracture numérique et soutenir l’innovation. »

La commission consultative des radiocommunications (CCR) vient de publier un rapport (téléchargeable sur le site de l’ARCEP) réclamant des fréquences basses pour développer de nouveaux services de communications électroniques.

Le gouvernement vient de demander aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale de constituer une commission parlementaire sur ce sujet.

En conclusion un lobbying très actif est en cours actuellement tant auprès de Bruxelles que du gouvernement et il est important que les agriculteurs s’en préoccupent.

Avancée notoire pour les éleveurs Bretons, l’Internet se fait mobile : Partenariat Orange Agranet.


L’ARSOE de Bretagne et Orange ont annoncé au Space un partenariat pour permettre l’accès aux données d’élevage du bouquet de service Agranet depuis un portable à « haut débit » EDGE /3G.

Le téléphone « haut débit mobile » proposé est un téléphone multifonctions PDA/téléphone (smartphone) compatible 3G, fonctionnant sous Windows Mobile 5.0, avec Wi-Fi compatible avec la navigation GPS d’Orange. Pour son design, le constructeur taïwanais HTC a choisi une robe tendance : le blanc vernis qui lui donne un faux air d’iPod. Peut-être un signe précurseur du lancement de l’iPhone d’Apple par Orange en novembre.

La mise à disposition d’un terminal très ergonomique (entièrement graphique comme l’est l’iPhone) ou le HTC Touch, par l’opérateur national devrait mettre le « haut débit mobile » à la disposition du plus grand nombre des agriculteurs.

Orange annonce que son réseau EDGE couvre 98% des utilisateurs soit une couverture bien plus large que celle de l’ ADSL (attention Orange considère qu’une commune est couverte si au moins un abonné est joignable), d’où son attrait pour le monde rural. Il reste maintenant à l’opérateur à proposer un forfait sans limite (comme sur l’ADSL) pour que l’offre soit complète. (L’arrivée probable de free devrait changer la donne).

Cette première dans le monde professionnel agricole remplace le pocket de l’éleveur pour saisir ses données d’élevage, demander le passage de l’inséminateur, déclarer une naissance … Suivant la nature des saisies effectuées par l’éleveur sur son téléphone, le système contrôle la saisie, se connecte et transmet immédiatement l’information (en cas de demande d’insémination par exemple) ou la stocke provisoirement pour la transmettre ultérieurement à l’occasion d’une autre connexion.

L’intérêt et la simplicité d’un tel outil pour l’éleveur sont évidents. L’historique carnet de poche de l’agriculteur devient virtuel avec un confort et un gain de temps certain : une seule saisie, des données à jour consultables en temps réel non seulement au bureau mais dans l’étable ou au champ. Le rêve de tout agriculteur maintes fois exprimé depuis l’arrivée de l’informatique dans les campagnes se réalise.

Il est certain que maintenant la plupart des éditeurs de logiciels de gestion de troupeaux ou de parcelles vont emboîter le pas pour le plus grand bien des exploitants.

De l’ADSL au Trés Haut Débit, vers une nouvelle fracture numérique dans les campagnes.

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La publication par le cabinet d’études TACTIS de la carte de France des zones couvertes par la fibre optique d’ici 2013 m’amène à revenir sur cette nouvelle fracture numérique dont risque de pâtir l’agriculture.

Le développement d’Internet dans sa première phase (RTC) ne soulevait pas de problème d’infrastructure puisqu’il reposait sur les paires de fil de cuivre existantes mis en place par notre opérateur historique national pour le téléphone. L’accélération des débits et la multiplication des applications utilisant notamment des caméras et des vidéos, nécessite la mise en place de nouvelles infrastructures, reposant sur la fibre optique (sauf nouvelle technologie à venir toujours possible).

Aujourd’hui parmi les agriculteurs utilisateurs d’internet, l’enquête Agrinautes 2006 (NTIC AGRI CONSEIL) nous révèle que 75% des agrinautes ont accès à l’ADSL, mais seulement 55 % d’entre eux ont un débit supérieur à 512 Ko. Visionner une vidéo avec un débit de 512 Ko seulement n’est pas des plus confortables … ne parlons pas de Web-Télévision. Ainsi 40% seulement de l’ensemble des agrinautes ont accès à un ADSL supérieur à 512 ko.

En RTC un certain nombre d’agriculteurs, débordés par les flots de spam, renoncent déjà à utiliser leur messagerie, il y a urgence à généraliser l’ADSL.
La carte de couverture ADSL fournie par France Télécom est établie sur le critère d’au moins un abonné raccordable dans la commune. Le fichier des communes ouvertes à l’ADSL est accessible par région en cliquant sur la carte.

La fracture numérique ne se mesure pas uniquement sur le débit mais également sur le prix. Aussi se pose le problème de la prise en charge de l’équipement des zones blanches (zones non rentables pour un opérateur privé) non seulement pour l’ADSL mais aussi pour l’accès au Très Haut Débit. Les agriculteurs ont certainement intérêt à s’en préoccuper dès maintenant et à mobiliser tous les acteurs des territoires ruraux pour poser le problème dans sa globalité.

Déjà l’IDATE dénombre, en France, une soixantaine de délégations de service public en Très Haut Débit. La collectivité prenant à sa charge une partie de l’infrastructure, avant d’en confier la commercialisation à un opérateur privé, mais ces initiatives ne concernent que très rarement le territoire rural, seuls 2 départements seraient concernés dans leur totalité : la Seine-et-Marne et le Rhône.

Pour illustrer le besoin de haut débit je vous signale les nouvelles vidéos mises en ligne par Web-agri à l’occasion d’Eurogénétique. portant sur deux robots de traite (VMS de Delaval et Titan de RMS) ainsi que quelques présentations du concours.