50 à 60 000 agriculteurs ne sont pas raccordables à l’ADSL.

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En février 2009, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) évaluait à 550 000 le nombre de lignes téléphoniques inéligibles à l’ADSL, soit 1,7 % de la population française.

Un sondage récent auquel nous avons pu procéder dans quelques départements sur les numéros des agriculteurs, nous donne de 10 à 13% de lignes téléphoniques inaccessible à l’ADSL. Ce qui signifie que 10% des Français non raccordables sont des agriculteurs …

Dans l’enquête 2008-2009 « Agrinautes êtes vous innovateurs ? » 6% des répondants avaient encore une connexion RTC. Mais 60% des Agrinautes bénéficiant de l’ADSL devaient se contenter d’une ligne à 528 ou 1Mo. Or aujourd’hui on estime que pour utiliser une application SIG en ligne (type télépac) ou pour visionner correctement une vidéo il faut disposer d’un débit de 2 Mo .

Pour tous ceux-là (RTC et ADSL à 528 ou 1Mo) le haut débit en 2 Mo est possible avec les offres par satellite ou par Wimax (si elles sont offertes sur le secteur géographique).

Pendant ce temps 200 000 internautes en France (dont votre serviteur) bénéficient déjà du très haut débit par fibre optique (40 Mo pour la TV et les services de vidéo à la demande, 20 Mo pour internet, plus le téléphone) …

Agrinautes êtes-vous innovateurs ? Evolutions probables des équipements et des usages dans les années à venir.

Interview de Christian Gentilleau à l’ACTA :

Evolution des usages et des équipements dans les prochaines années.

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Très haut débit : A partir de 2011 tous les nouveaux batiments agricoles devront être cablés en fibre optique.

Très haut débit dans l’étable - Hubert Rublon

Dessin d’Hubert Rublon.

La Loi de Modernisation de l’Economie (LME) publiée cet été contient un article qui est passé un peu inaperçu dans le monde agricole :

« Les locaux à usage professionnel doivent être pourvus des lignes de communications électroniques à très haut débit en fibre optique nécessaires à la desserte de chacun des logements ou locaux à usage professionnel par un réseau de communications électroniques à très haut débit en fibre optique ouvert au public. »

Ainsi  les permis de construire de tous les bâtiments agricoles ne seront accordés à partir du 1er janvier 2011 que s’ils sont câblés en fibre optique permettant ainsi la connexion à un réseau à très haut débit.

Attention Très Haut Débit ne veut pas dire 512 K, comme dans le plan Besson. Le THD ce sont des débits supérieurs à 20 Méga (40, 60, 100 et plus).

Si parallèlement les « fréquences en or » libérées par l’arrêt de la télévision analogique sont utilisées par les opérateurs pour mettre en place le Très Haut débit mobile de 4ème génération, le monde agricole et rural ne devrait pas subir une nouvelle fracture numérique.

Fracture numérique deux réponses différentes : en France un secrétariat d’état, au Japon un satellite à trés haut débit.

Satellite télécom

La rumeur court sur Internet depuis quelques jours : la nomination d’un secrétaire d’Etat aux nouvelles technologies pourrait intervenir très prochainement et André Santini aurait la préférence des internautes.

Une nomination qui, si elle avait lieu, aurait pour but de répondre à « la fracture numérique » de notre pays et concernerait donc fortement l’agriculture. L’attribution des fréquences en or libérées par l’arrêt de la télévision analogique en décembre 2011 sera certainement un de ses premiers dossiers à traiter pour la mise en place d’un réseau à très haut débit mobile (voir les dividentes numériques).

Pendant ce temps pour combler les zones blanches inaccessibles à la fibre optique (nous n’en sommes qu’aux zones sans ADSL dans nos campagnes) le Japon s’apprête à lancer un satellite de télécommunications à très haut débit , qui permettra d’obtenir des débits supérieurs à ceux de la fibre optique sur tout le territoire.

Il faut savoir qu’aujourd’hui au Japon les abonnés situés à moins de 2 km d’un central, peuvent télécharger à trés haute vitesse à 45 M0 pour 30€ par mois !! et que les abonnés fibre optiques sont plus nombreux que les abonnés ADSL.

Manche Numérique mutualise les coûts de développement de la fibre optique (FFTH) pour tous.

ADSL Manche numérique

Manche Numérique

Légende carte Manche numériqueLégende 2 carte Manche numérique

Le réseau de fibres optiques de la Manche, d’environ 800 km, est opérationnel et figure parmi les plus denses de France.

Désormais, 99,6 % des Manchois ont la possibilité de se connecter à l’internet haut débit, grâce aux solutions adaptées et évolutives, combinant les technologies filaires et sans fil.

Fin novembre 2007, en plus des centraux téléphoniques ouverts dans la Manche par France Télécom et offrant l’accès à l’internet à haut débit via les technologies DSL, 199 stations WiFimax sont implantées pour desservir particuliers et entreprises insatisfaits de leur débit ADSL ou non couverts par cette technologie. La carte interactive (cliquer sur « Bus » dans le bas de la page) en ligne sur le site de Manche Numérique permet de bien visualiser l’articulation des différentes techniques utilisées.

Ces déploiements ne sont pour autant pas un achèvement. En effet, des micro-zones «blanches», impossibles à identifier a priori, subsistent. De nouvelles stations WiFimax sont en cours de déploiement afin de traiter les cas isolés qui, selon notre estimation, concernent mille à deux milles foyers, soit 0,4 % de la population et moins de 1,5 % du territoire.

Deux opérateurs locaux exploitent l’infrastructure : Ouest Telecom, qui propose un accès internet avec la téléphonie illimitée pour environ 30 euros par mois, et Média Manche qui offre un accès internet complété par la location d’un PC pour 65 euros mensuels.
Manche Numérique va déployer son réseau optique jusqu’à l’abonné (FFTH) pour couvrir 35% du département en 6 ans. Il y a 250.000 foyers dans le département de la Manche le chantier sera réalisé en 3 phases : les agglomérations de St Lô et Cherbourg (26.000 foyers fibrés en sept. 2009), puis les « poches campagnardes rentables » pour les opérateurs privés, et enfin le « non rentable » c’est à dire les agriculteurs au fond des campagnes.

Jean-michel Billault dans son blog « Vivement la retraite ! (à très haut débit naturellement) » nous informe de son montage financier :
« Pas d’argent public dans la phase 1… Manche Numérique, et cela est trés astucieux, fait en effet financer le réseau, qui reste la propriété de la collectivité, par un opérateur neutre détenteur d’une délégation de service public, lequel s’appuye sur le, et probablement les opérateurs privés..
En fait, il y a mutualisation du réseau, financé en définitive par les opérateurs privés… Le prix de la prise optique est estimé aux alentours de 500 €… Neuf Cegetel a accepté de venir et Free et FT sont en cours de négociation avancée semble-t-il… Naturellement, plus ils seront nombreux, et moins ils payeront de droit d’entrée… (un seul droit d’entrée payable en une fois, ensuite plus rien.. Ce qui diffère du modèle de Pau).
Pour le reste du département, les fourreaux de fibre seront accrochés aux poteaux électriques (c’est aux élus locaus de prendre la décision).. Il y en a partout dans la campagne des poteaux électriques…
A noter que le département dispose sur son territoire de la seule entreprise française de fabrication de fibres (Acome), qui a mis au point une technologie de fourreaux air/terre (si on enterre les fils électriques, on enterre aussi le même fourreau de fibres… Pas besoin de le remplacer)… … des services nouveaux vont émerger. La Manche a ainsi un partenariat avec Intel qui va mettre à sa disposition son réseau mondial de business angels pour toutes les start-ups qui voudront venir s’installer en Manche pour tester, puis proposer leurs services… »

Les agriculteurs de la Manche sauront-ils profiter de cette avance technologique pour mettre en place des applications et des services innovateurs au service de l’ensemble de l’agriculture ? Le Wikimanche qui vient de s’ouvrir aura-t-il un contenu agricole ? Les 24 Espaces Numériques Publiques permettront-ils de développer l’usage auprès des agriculteurs ? Les organisations professionnelles rejoindront-elles les impôts, la MSA et la DDA dans ces espaces ?

Désherbage sélectif expert de deuxième génération avec le Très Haut Débit Mobile.

Drone

Un drone (petit avion sans pilote) de EASF (Entreprise Agricole Sans Fil) muni d’un GPS filme les parcelles de blé à désherber de Pierre François.

Grâce à son abonnement au réseau sans fil à Très Haut Débit Mobile ouvert depuis 2012 le Drone transmet ses images au système expert situé au siège d’EASF.

Ce dernier analyse les images et dresse une cartographie précise (à 2 cm près grâce au GPS RTK) des plantes présentes sur la parcelle. Lorsqu’il ne reconnait pas une plante il se connecte à l’Université Agricole de Bonn ou au serveur expert de l’INRA qui possèdent des bases de données et un système de reconnaissance bien plus précis.

Cette cartographie végétale est transformée par le système en programme d’application d’herbicides point à point en fonction des mauvaises herbes détectées, de leur stade, du degré d’infestation et des matières actives disponibles dans les cuves de l’épandeur d’EASF présent sur le terrain.

Le programme de désherbage est transmis en direct, via le réseau sans fil à Très Haut Débit Mobile sous forme de cartographie précise, à l’épandeur d’EASF.

Pierre François bénéficie ainsi d’un service qui lui permet d’économiser 50 % sur les matières actives épandues, économie répondant aux directives européennes et couvrant les frais de d’intervention d’EASF.

J’ai oublié de vous signaler que l’exploitation de Pierre est située en Pologne qui possède un réseau mobile à très haut débit sur tout son territoire depuis 2012 alors que la France a préféré attribuer les fréquences basses (disponibles depuis l’arrêt de la télévision analogique) à une chaîne de télévision mobile interactive, sans laisser de place au Très Haut Débit Mobile …

Tout ceci est imaginaire bien sûr, à la différence que toutes les techniques sont présentes et ne demandent qu’un environnement propice pour se développer et le Très Haut Débit Mobile est un point déterminant.

« Dividende numérique » ou « fréquences en or » les agriculteurs et le monde rural sauront-il se faire entendre pour le très haut débit?

Pylone émetteur de télévision

D’ici 2012 le basculement de la diffusion des télévisions de l’analogique vers le numérique va libérer des fréquences très convoitées.

Cette ressource que les spécialistes appellent « dividende numérique » contient des fréquences dites « en or ». Leurs caractéristiques physiques de propagation électrique particulièrement attractives permettent une très longue portée (donc peu d’émetteurs), une excellente pénétration dans les bâtiments et du très haut débit fixe ou mobile.

Autant d’atouts qui attisent bien des convoitises (enrichissement de l’offre de chaînes de télévision, services complémentaires de radio en numérique, élargissement de l’offre de télévision mobile et lancement de nouveaux réseaux de communications électroniques).

Pour les agriculteurs et le milieu rural l’attribution de ces fréquences à de nouveaux réseaux de communications est une occasion unique d’éviter une 2éme fracture numérique (voir mon billet du 30 mars dernier), tant il est évident que la fibre optique ne pourra jamais arriver dans toutes les fermes.

En effet ces fréquences basses permettront d’atteindre, sur l’ensemble du territoire national, des débits sans fil de l’ordre de la fibre optique soit 100 Mbit/s  (environ 30 fois plus que la 3G+ en cours de déploiement).

Les exploitations agricoles et les autres entreprises situées en milieu rural auront un handicap certain à l’avenir pour leur développement si ces fréquences sont affectées plutôt à de nouvelles télévisions (haute définition ou mobile) sans en attribuer au très haut débit (fixe et mobile).

Or il n’est pas évident que les acteurs de l’audiovisuel accepteront de laisser une partie de leurs fréquences hertziennes

Pour faire contre-poids aux industriels une association « renaissance Numérique » qui milite pour l’Internet pour tous s’est créée et vient de rappeler dans un avis remis à l’ARCEP : « Le débat sur le dividende numérique ne doit pas se réduire à un choix binaire : acteurs de contenus contre opérateurs télécoms. Le dividende numérique constitue une opportunité stratégique unique pour répondre à la question de la fracture numérique et soutenir l’innovation. »

La commission consultative des radiocommunications (CCR) vient de publier un rapport (téléchargeable sur le site de l’ARCEP) réclamant des fréquences basses pour développer de nouveaux services de communications électroniques.

Le gouvernement vient de demander aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale de constituer une commission parlementaire sur ce sujet.

En conclusion un lobbying très actif est en cours actuellement tant auprès de Bruxelles que du gouvernement et il est important que les agriculteurs s’en préoccupent.